
Le café, grain de vie et source d’espoir
Un reportage de Marie de Pimodan-Bugnon
Dans le sud-ouest de l’Ouganda, sur les flancs verdoyants des Monts-Rwenzori, pousse un arabica naturel parmi les plus rares du monde. En raison des mauvaises pratiques agricoles et des changements climatiques, ce café était voué à disparaître. Grâce au programme Nespresso Reviving Origins, il retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse sous le nom de Amaha awe Uganda. Lancé en 2019, tout d’abord en Colombie et au Zimbabwe, ce programme vise à réhabiliter la culture du café dans des régions où celle-ci est fragilisée et menacée. A la clé, un nouvel élan pour l’économie locale et un mode de vie durable pour les caféiculteurs et leurs familles
Texte: Marie de Pimodan-Bugnon - Photos et vidéos fournies par Nespresso
Il vous a réveillé ce matin. Peut-être exhalait-il quelques délicates notes fleuries? Peut-être son arôme était-il plutôt boisé? Ce café, vous l’avez savouré corsé et noir ou allongé et sucré. Comme tous les jours. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qui se cache derrière les 2,5 milliards de tasses consommées quotidiennement à travers le monde?
Actuellement, 125 millions de personnes dépendent du café pour vivre. Derrière chaque tasse, ce sont des histoires d’hommes et de femmes qui s’esquissent. On y parle de renaissance et de reconstruction. On y croise des petits producteurs indépendants, des équipes d’agronomes et des représentants d’ONG locales. On se balade dans des paysages lointains, sous d’autres tropiques, à l’ombre des bananiers, dans des plantations perchées en altitude, sous la canopée et les cieux floutés par la brume.
Chaque café raconte sa propre histoire. Sur les versants verdoyants des Monts-Rwenzori, une chaîne montagneuse déployée sur 120 km au sud-ouest de l’Ouganda, Joseph Kiribmwa contribue à écrire celle du renouveau d’un arabica naturel menacé de tomber dans l’oubli. Avec sa femme, il fait partie des quelque 25 millions de petits exploitants qui produisent 80% de la production mondiale.
Comme son père avant lui, Joseph a choisi de devenir caféiculteur. Enfant, il l’observait récolter les cerises de café sur les branches des arbustes de la plantation familiale. «Mon père, tout comme les autres producteurs de sa génération, ne savait pas vraiment comment cultiver du café», raconte-t-il. Sous les hauteurs enneigées et les glaciers de ces sommets surnommés «montagnes de la Lune», Joseph a assisté à l’appauvrissement progressif des récoltes des caféiculteurs de la région. Il a été le témoin de l’abandon de ces cultures ancestrales qui, pendant de nombreuses décennies, ont pourtant profité des conditions idéales offertes par les Monts-Rwenzori: dans le dialecte local, Rwenzori signifie «faiseur de pluie».
Poussant à une altitude de 1200 mètres, les bananiers y déplient leurs larges feuilles telles des ombrelles de verdure pour les plants de caféiers tandis que les précipitations abondantes et les sources d’eau venues des glaciers permettent de nourrir ces terres fertiles riches en azote. Un paysage de rêve pour un arabica devenu tout aussi rare que le nombre d’exploitants capables de vivre décemment de leur travail. Le vieillissement des pieds de caféiers et les mauvaises pratiques de culture ont peu à peu contraint les caféiculteurs à se tourner vers des activités alternatives. Sans compter les épisodes de sécheresse et les changements climatiques, qui ont joué un rôle majeur dans la dégradation des récoltes. Ce précieux café, «nous avions cessé d’en produire, car cela ne nous rapportait pas suffisamment d’argent, explique Joseph. Le café a donc été négligé, petit à petit. Jusqu’à ce qu’on nous montre comment le rendre rentable à nouveau.»
Comme 2000 caféiculteurs ougandais, Joseph bénéficie aujourd’hui des bienfaits concrets du programme Reviving Origins. Lancé officiellement par Nespresso en 2019, il a l’ambition de faire revivre la culture et l’économie locale du café dans des territoires où celle-ci est menacée à travers la réintroduction de cafés oubliés. «Le café est un élément vital pour des communautés entières de par le monde, rappelle Guillaume Le Cunff, CEO de l’entreprise. Le changement climatique, les conflits et une économie mondiale en pleine mutation sont les raisons qui expliquent la menace qui pèse sur la culture du café dans ces régions.
Avec Reviving Origins, Nespresso soutient des régions de caféiculture connaissant une situation précaire, donne de nouvelles impulsions à l’économie locale et surtout aux communautés de ces régions.»
Pour le leader mondial du café en capsule, cet engagement s’inscrit dans un projet à large échelle baptisé Programme AAA pour une Qualité Durable. Depuis 2003, dans le cadre de ce modèle d’approvisionnement mis sur pied en collaboration avec l’ONG The Rainforest Alliance, Nespresso travaille avec 110 000 caféiculteurs dans 14 pays afin d’intégrer des pratiques durables visant non seulement à augmenter le rendement et la qualité des récoltes, mais aussi à améliorer les conditions de vie des caféiculteurs et de leurs communautés.
Dès 2011, l’entreprise a identifié le potentiel de la relance d’un café oublié au Soudan du Sud, un pays alors déchiré par les conflits et dont l’industrie du café avait été anéantie. A partir de 2015, le café en édition limitée Suluja ti South Sudan, soit «Le Commencement du Soudan du Sud», s’est ainsi progressivement hissé à la deuxième place des exportations du pays, après le pétrole, permettant de diversifier la base économique de la plus jeune nation du monde.
En 2016, une opération identique a été menée à Caquetá, en Colombie, une région touchée par les conflits, tout comme à Cuba avec la production du tout premier café cubain à débarquer sur le sol américain depuis plus de cinquante ans.
Ces expériences positives ont posé les fondements du programme Reviving Origins, lancé officiellement en 2019 avec le rétablissement de la production de cafés pure origine dans l’est du Zimbabwe, un pays souffrant d’une grande instabilité politique et économique, ainsi que dans la région colombienne de Caquetá. Sur une période de cinq ans, de 2019 à 2023, Nespresso s’est engagé à investir une enveloppe de 10 millions de francs suisses pour faire revivre la culture et l’économie locale du café dans divers territoires du globe touchés, notamment, par les conflits, les difficultés économiques ou les catastrophes écologiques.
Au Zimbabwe, la production de café était sous pression depuis de nombreuses années, son volume étant passé de 15 000 tonnes à la fin des années 1980 à seulement 500 tonnes en 2017. Avec le lancement l’année dernière du programme Reviving Origins, la caféiculture zimbabwéenne commence à renaître de ses cendres grâce à l’aide apportée à quelque 450 caféiculteurs par les agronomes de Nespresso, un investissement dans des formations de terrain permettant d’augmenter la productivité et la qualité des récoltes ainsi qu’un soutien technique gratuit.
L’entreprise suisse a également participé au développement des infrastructures locales avec la construction de moulins pour le broyage humide ou de coopératives caféières. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: dans le Manicaland, la disponibilité de café zimbabwéen de haute qualité certifié AAA a augmenté de 9% entre 2018 et 2019.
Les actions menées au Zimbabwe ont permis de redonner vie à l’un des meilleurs cafés du monde, le Tamuka mu Zimbabwe, ou «Le Réveil du Zimbabwe», un expresso au goût fruité et complexe déployant des notes de fruits rouges, cassis et raisin. Mais, selon Midway Bhunu, Coffee Program Manager pour TechnoServe, une ONG locale partenaire de Nespresso au Zimbabwe, leur impact est également considérable sur la vie des producteurs. «Nous constatons un regain de confiance et d’espoir parmi les caféiculteurs qui œuvrent pour améliorer leur café en vue d’augmenter les revenus de leur famille et d’élargir leurs opportunités futures, affirme-t-il. Je vois les vies de ces caféiculteurs changer.»
Même constat de l’autre côté de l’Atlantique, dans la région de Caquetá, en Colombie, où le travail réalisé par Nespresso a permis à la production de faire un bon de 10% entre 2018 et 2019 et, surtout, aux caféiculteurs de prétendre à vivre dignement de leur travail.
«Ce qui nous motive tous les jours à continuer d’améliorer la qualité de notre café, et ce qui me permet d’avancer, c’est de voir les enfants courir librement», raconte Don Edgar Otavo Marín, l’un des producteurs de café de la région.
L’expérience de son compatriote Don Fernando Pedreros Muños est tout aussi encourageante: «L’année a été très bonne pour moi, car j’ai réussi à acheter une nouvelle exploitation. L’exploitation, c’est pour le futur de mes enfants, c’est mon héritage. Avec Nespresso, j’ai l’impression d’avoir réussi. Le café que je cultive et que j’aime commence à être apprécié dans le monde entier. J’entrevois un avenir florissant pour la caféiculture à Caquetá. Chaque jour, il y a ici davantage de personnes qui se disent intéressées par la culture du café.»
De quoi assurer un bel avenir au café Esperanza de Colombia, «L’Espoir de Colombie», une édition saisonnière dont les arômes de fruits jaunes agrémentés d’une légère note de céréales ravissent les papilles des amateurs de café depuis 2019.
Après le Zimbabwe et la Colombie, c’est aujourd’hui au tour de l’Ouganda de bénéficier de l’engagement de Nespresso à faire revivre des cafés menacés de disparition.
Sur les flancs des majestueux Monts-Rwenzori chevauchant la frontière avec la République démocratique du Congo, le café cultivé à l’ombre des bananiers est plus connu sous le nom de Drugar, un arabica naturel non lavé considéré comme de basse qualité ces dernières années en raison des mauvaises pratiques agricoles.
«Nos aînés avaient pour habitude de retirer toutes les cerises des branches, peu importe qu’elles soient mûres ou non», constate Joseph Kiribmwa. Ce mélange bas de gamme de grains verts et de grains arrivés à maturité ne permettait aux exploitants agricoles de n’en retirer qu’un faible prix auprès d’acheteurs intermédiaires de la région. Ces cerises, Joseph «ne cueille que les plus mûres et les plus rouges. En améliorant ainsi ma méthode de travail, j’ai pu gagner suffisamment d’argent pour commencer à construire ma maison. Après avoir partagé mon expérience avec mes voisins, ils ont eux aussi recommencé à cultiver du café.»
Car Reviving Origins repose sur une équation simple et un cercle vertueux: en travaillant étroitement avec les producteurs de l’ouest ougandais, Nespresso cherche à la fois à rendre ses lettres de noblesse à l’arabica naturel de la région et à accroître la production, tout en améliorant la stabilité sociale et économique. Concrètement, 2000 caféiculteurs ont été accompagnés en 2019 par l’entreprise suisse à travers des formations dispensées localement par les agronomes de Nespresso selon un programme établi en partenariat avec la Sustainable Trade Initiative et Agri Evolve, une jeune entreprise agricole impliquée dans des projets visant à améliorer la productivité par l’introduction de méthodes de culture durables.
Grâce à notre partenariat avec Nespresso, nous pouvons soutenir en continu les caféiculteurs des Monts-Rwenzori
Dans le village de Mbata, la construction d’un centre de traitement du café assure désormais des capacités de séchage et de transformation accrues du café. Une pépinière a vu le jour pour redistribuer aux exploitants des plants de caféiers et d’arbres indigènes. De nouvelles chaînes d’approvisionnement ont également été créées dans les régions du Busongore Nord et du Bukonzo Est.
«Des projets communautaires et un travail d’équipe n’ont pas seulement permis aux fermes de connaître croissance et développement, mais aussi d’améliorer les standards écologiques et sociétaux des communautés, explique Jonny Rowland. Les caféiculteurs des Monts-Rwenzori ont maintenant la chance de partager leur café premium avec le monde entier, ce qui entraîne une augmentation du revenu des ménages. Les communautés et les familles sont en outre de plus en plus persuadées que la culture du café représente un avenir porteur pour les générations à venir.»
Dans les Monts-Rwenzori, le renforcement des critères de qualité est synonyme de revenus décents. C’est aussi le début d’une vie meilleure pour les générations futures qui s’esquisse à travers ces nouvelles méthodes de production durable.
Joseph Kiribmwa sait désormais mieux élaguer ses arbres, quand les remplacer pour gagner en efficacité ou quelles variétés planter pour encourager la biodiversité. Mieux, en étalant ses récoltes dans le temps tout en ne sélectionnant que les cerises rouges, l’exploitant obtient aujourd’hui l’assurance de les vendre à un meilleur prix à Nespresso. De quoi engager de nouveaux investissements locaux et envisager l’avenir plus sereinement.
«C’est ma terre; je l’ai achetée et je l’aime, explique-t-il. J’y ai planté 500 caféiers et j’en prends le plus grand soin pour produire les meilleures cerises possible. Je me dévoue corps et âme à ce que je fais et je sais que cet amour crée un lien avec des gens que je ne connais pas dans d’autres pays. Ils goûteront ce café et apprécieront vraiment ce qu’il signifie, tout ce qu’il a à offrir. J’en suis vraiment fier.»
Ce café, dont la production a été relancée en 2019 sur les terres fertiles des «Montagnes de la Lune», Nespresso l’a baptisé Amaha awe Uganda. Dans la langue de Molière, ce nom signifie «L’Espoir de l’Ouganda».
Au palais, cet expresso riche et pur exhale un discret arôme de bois de santal mêlé de notes fleuries. Quand il est servi sous forme de latte macchiato, son parfum fruité et son goût délicatement biscuité se libèrent. Au-delà du grain et des saveurs de cet arabica qui compte parmi les plus rares du monde se racontent des histoires de rêves qui renaissent. Il est chargé d’espoir et de belles promesses.
Découvrez également la vidéo Nespresso Reviving Origins: Amaha awe Uganda, réalisée pour Nespresso