Yamoussoukro, capitale inachevée
Née de la volonté du père de la nation ivoirienne Félix Houphouët-Boigny, la capitale Yamoussoukro est une ville endormie. La cité devait faire la synthèse entre le nord musulman et le sud chrétien et désengorger Abidjan. Soixante ans après l'indépendance, les habitants s'impatientent devant les promesses non-tenues, d'autant que la Côte d'Ivoire est à la veille d'élections présidentielles à haut risque
Catherine Morand (texte) - Lougué Abdul (photos) - Catherine Rüttimann (iconographie) - Simon Petite (montage)
Quand les plus grandes villes du monde seront africaines
En 2050, la population africaine aura doublé et les Africains représenteront un quart de la population mondiale. Une croissance démographique qui sera en grande partie absorbées par les villes du continent. Certaines sont déjà parmi les plus grandes du monde. Comment relever les défis de cette urbanisation fulgurante? Du Maroc à la Tanzanie, en passant par la République démocratique du Congo et la Côte d’Ivoire. Nos journalistes se sont plongés dans quatre villes du continent et vous livreront leur récit quotidiennement du 28 septembre au 2 octobre. Utilisez la carte ci-contre pour naviguer d'un long format à un autre.
Yamoussoukro, capitale de la Côte d’Ivoire, à quelque 240 kilomètres d’Abidjan. Dans la brume du petit matin, la basilique Notre-Dame de la Paix émerge, majestueuse, les premiers rayons se reflètent sur son dôme. Un aspect carton-pâte, de décor de théâtre; mais un lieu saint bien réel, réplique de la basilique Saint-Pierre de Rome, fréquenté chaque année par des milliers de personnes.
La basilique fait partie des quelques monuments clés qui ont fait la notoriété de cette ville hors du commun, voulue par le premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, dont c’était le village natal. Une ville un peu surréaliste, aux avenues immenses, peu fréquentées, qui s’interrompent brusquement pour céder la place à des pistes de latérite, ou à la brousse qui reprend ses droits. Mais aussi un havre de tranquillité, au charme certain, où l’on respire mieux qu’à Abidjan, congestionnée dans ses embouteillages permanents et son air pollué.
Cette tranquillité explique l’engouement des Abidjanais pour la ville de Yamoussoukro, où ils séjournent volontiers pour échapper à la «saturation» de la capitale économique. Mais dès l’annonce des premiers cas de Covid-19, en mars, le Grand Abidjan a été coupé du reste du pays jusqu’au 15 juillet dernier pour tenter de contenir la pandémie. Ces mesures ont porté un rude coup au secteur du tourisme, qui fait vivre des milliers de personnes à Yamoussoukro: hôtels fermés, employés mis au chômage, baisse drastique de revenus pour les restaurants et les maquis.
«Aujourd’hui, rien ne marche, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, la vie est vraiment difficile», se plaint Léontine, qui tient une gargote à la gare routière, également au point mort pendant des mois. Le 6 août, veille de la Fête nationale, lorsque le président Alassane Ouattara a annoncé qu’il se présenterait aux élections présidentielles du 31 octobre 2020 pour briguer un troisième mandat, après modification de la Constitution, des jeunes en colère ont brûlé des pneus dans la ville. «Déjà qu’il n’y a pas de travail, que chacun doit se débrouiller pour survivre, cette histoire de troisième mandat a fâché beaucoup de monde ici», explique Arsène Kouadio, chauffeur à Yamoussoukro.
La Côte d’Ivoire figure parmi les pays pionniers en matière de transfert de capitale, puisque c’est en 1983 que la décision officielle fut prise de faire de Yamoussoukro, située au centre du pays, la capitale politique et administrative du pays, tandis qu’Abidjan, qui concentrait déjà 20% de la population ivoirienne, conservait son statut de capitale économique. A l’instar du choix d’Abuja au Nigeria pour désengorger Lagos, le choix de Yamoussoukro visait à décongestionner Abidjan. Mais aussi à freiner l’exode rural qui s’intensifie en direction des régions côtières. Et à rapprocher les centres de décision du sud vers le nord musulman.
Mais trente-sept ans plus tard, force est de constater que la greffe n’a pas pris, et que Yamoussoukro demeure une capitale inachevée d’à peine 400 000 habitants: l’administration, les principales institutions politiques, les ambassades, les sièges des entreprises comme des organisations internationales sont toujours à Abidjan, laquelle, avec plus de 5 millions et demi d’habitants, continue de s’étendre à l’infini.
Ce transfert effectif de capitale, sans cesse différé malgré les promesses des présidents qui se sont succédé depuis la disparition de Félix Houphouët-Boigny, est pourtant vivement souhaité par la population de Yamoussoukro, qui espère en retirer création d’emplois et dynamisation d’une économie locale à la peine. «Mais depuis le temps que les politiciens nous promettent un transfert effectif, les gens n’y croient plus et se sentent abandonnés», estime un fonctionnaire qui travaille au sein de l’administration du district autonome de Yamoussoukro.
A quelques mois de la fin de son second mandat, le président Alassane Ouattara a lancé un ambitieux programme de réhabilitation de quelque 40 km de ces larges voies qui ont fait la réputation de la ville, construites dans les années 1970, mais qui, au fil du temps, se sont dégradées, jusqu’à ressembler à des pistes de brousse, avec trous béants. «Pourquoi c’est seulement maintenant que les routes sont réparées?» questionne un représentant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à Yamoussoukro, qui voit dans ces travaux de «dernière minute» une volonté d’attirer la sympathie des Baoulés, l’ethnie majoritaire dans la capitale et le centre du pays. Les Baoulés étaient d’ailleurs nombreux le 12 septembre sur la place Jean-Paul-II pour acclamer l’ex-président Henri Konan Bédié, officiellement investi par son parti, le PDCI, candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre. Il s’opposera à son ex-allié le président Alassane Ouattara – dont l’électorat est majoritairement originaire du nord musulman – lequel, en décembre dernier, avait déclaré que son «seul regret» était de n’avoir pu transférer la capitale à Yamoussoukro comme il s’y était engagé.
Contrairement au Nigeria qui a remplacé Lagos par Abudja en 1991, la Côte d’Ivoire ne dispose pas d’une manne pétrolière qui lui permettrait d’en distraire une partie pour créer une nouvelle capitale
Le gouverneur du district autonome de Yamoussoukro, Augustin Thiam, par ailleurs frère de l’ex-CEO de Credit Suisse Tidjane Thiam, rappelle, lui, l’état de «totale déliquescence du pays» qu’a trouvé Alassane Ouattara lors de son entrée en fonction en 2011, après une rébellion, une partition du pays, une quasi-guerre civile. «Il a été confronté à d’autres d’urgences que le transfert de la capitale, qui nécessite encore de gros investissements.»
Le gouverneur insiste sur le choix d’une «politique des petits pas», qu’il s’agisse du transfert d’institutions, avec l’inauguration en décembre dernier du nouveau siège du Sénat, ainsi que la Chambre des rois et des chefs traditionnels, ou d’infrastructures, avec la réhabilitation de la piste de l’aéroport, complètement dégradée, ainsi que l’achèvement d’une autoroute commencée au début des années 1970 par le GESCO, le Groupement d’entreprises suisses de construction, mais à laquelle il manquait toujours 140 km pour relier Abidjan à Yamoussoukro.
Avant Alassane Ouattara, le président Laurent Gbagbo – aujourd’hui en stand-by en Belgique, après avoir été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) – s’était lui aussi rêvé en grand bâtisseur. Il aimait recevoir les journalistes pour leur faire admirer les travaux pharaoniques qu’il avait entrepris dans la capitale, confiés au géant français de travaux publics Vinci. Dans une tribune demeurée célèbre intitulée «Pourquoi Yamoussoukro?», Laurent Gbagbo expliquait que la Côte d’Ivoire ne pouvait pas se permettre de perdre les investissements déjà consentis. Et qu’il avait décidé, à son tour, de «bâtir Yamoussoukro»
Las. Ce qui devait être la grande œuvre de sa décennie à la tête de l’Etat ivoirien ne sera pas poursuivi après son départ en 2011. Aujourd’hui demeurent le squelette en béton de la future Assemblée nationale, qui ambitionnait d’être la plus grande d’Afrique, ainsi que les pylônes sur lesquels devait être bâti un palais présidentiel futuriste en verre, aujourd’hui pillés et abandonnés dans un no man’s land de latérite et de broussailles, sans perspective d’être achevés. Parmi ses projets grandioses, seul l’Hôtel des parlementaires, construit par la Chine, a été finalisé.
«Houphouët n’était jamais allé à Brasilia, mais cette vision d’une «ville nouvelle» l’a beaucoup inspiré», estime pour sa part Issa Diabaté, un des architectes ivoiriens les plus cotés, y compris sur le plan international. Lorsque Issa Diabaté s’est lui-même rendu dans la capitale brésilienne, il a eu le sentiment de se retrouver à Yamoussoukro, avec ses larges avenues, ses bâtiments monumentaux, sa végétation tropicale. «Même si Brasilia, créée de toutes pièces au début des années 1960, est plus ancienne, Yamoussoukro est très marquée par cette époque, ce qui lui donne ce côté de carte postale un peu vieillotte», sourit-il.
Entre 1971 et 1982, la future capitale a drainé l’essentiel du budget d’investissement du pays. Un plan d’urbanisation avec des tracés rectilignes prévoit la construction d’ouvrages monumentaux, rivalisant d’audace architecturale et technique. Ceux-ci seront confiés à l’architecte français d’origine tunisienne Olivier-Clément Cacoub – un proche du président français Jacques Chirac – qui a également à son actif les palais présidentiels de Yaoundé, au Cameroun, ou de Mobutu dans son village natal de Gbadolite, dans l’ex-Zaïre.
A Yamoussoukro, il signe les plans de la plupart des bâtiments qui ont fait la réputation de la ville: le palais présidentiel de 6 étages, ainsi que le palais des hôtes attenant – surnommé le «Giscardium» en l’honneur du président français Valéry Giscard d’Estaing qui l’inaugura et où résida également le président burkinabé Blaise Compaoré en 2014 après avoir été renversé par un coup d’Etat – entouré d’une enceinte de 22 km, bordé de lacs où prolifèrent des crocodiles qualifiés de «sacrés»; l’Hôtel Président à l’entrée de la ville, avec son incroyable restaurant panoramique et ses colonnades de marbre, qui rappellent celles de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, vaste bâtiment spectaculaire, qui abrite plusieurs institutions, où se tient tous les trois mois un conseil des ministres, entouré de jardins «à la française».
C’est en revanche l’architecte ivoiro-libanais Pierre Fakhoury qui dessina les plans de la basilique Notre-Dame de la Paix, le plus grand lieu de culte chrétien du monde, copie de la basilique Saint-Pierre de Rome, en un peu plus grand, bâtie en l’espace de trois ans, durant lesquels 1500 ouvriers et ingénieurs travaillèrent jour et nuit. Une véritable prouesse technique et architecturale, que le pape Jean Paul II accepta de consacrer le 10 septembre 1990, il y a tout juste trente ans, après avoir reçu la promesse qu’un hôpital serait construit dans la foulée. Ce fut le cas vingt-cinq ans plus tard, avec l’ouverture de l’hôpital Saint-Joseph-Moscati, en janvier 2015.
Dans leur inconscient collectif, les Ivoiriens sont aujourd’hui fiers des réalisations architecturales exceptionnelles réalisées dans leur capitale, qui ont contribué à forger une conscience nationale
Dans sa nouvelle intitulée Les Crocodiles de Yamoussoukro publiée en 1984, l’écrivain britannique V.S. Naipaul, Prix Nobel de littérature, évoque la «mégalomanie» du président Houphouët-Boigny, soucieux de sa postérité. «Nos détracteurs veulent toujours nous voir habiter dans des paillotes. Mais tous les Français sont fiers aujourd’hui d’avoir le palais de Versailles», répondait malicieusement Houphouët-Boigny aux personnes qui critiquaient les montants faramineux engloutis dans «sa» capitale. L’histoire semble lui donner raison, car les critiques de l’époque n’ont plus vraiment cours.
Une forme de fierté nationale rejaillit également sur les six grandes écoles spécialisées, au style architectural audacieux, fleurons de l’enseignement supérieur dans le pays, qui forment ingénieurs, cadres, techniciens, et abritent quelque 3000 étudiants issus de toute la sous-région.
Dans cette ville singulière, des mondes différents se côtoient sans vraiment se croiser. Les convois officiels qui traversent la ville en trombe, tous phares allumés, n’ont pas grand-chose à voir avec celles et ceux qui ont récupéré un tronçon d’une avenue pour y faire sécher du manioc ou du gombo. On y feuillette aussi l’histoire du pays, où passé et présent se mêlent. Symbole de la crise qui a conduit à une quasi-partition du pays, la Maison du PDCI-RDA, le parti d’Houphouët-Boigny, est aujourd’hui en ruine, envahie par de hautes herbes; ce bâtiment qui date de 1970 figurait pourtant parmi les joyaux architecturaux de la capitale, avec sa réplique de l’horloge fleurie de Genève. Dans un autre quartier, des grues sont à l’œuvre pour bâtir le stade qui abritera en 2023 des matchs de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), organisée par la Côte d’Ivoire.
Le palais présidentiel, aujourd’hui silencieux, rappelle le temps où y défilaient des chefs d’Etat, qui assistaient parfois au cérémonial du repas des crocodiles, en compagnie d’Houphouët-Boigny. Aujourd’hui, les sauriens sont plusieurs centaines à peupler les lacs de Yamoussoukro, et à en sortir parfois, lorsque l’eau monte durant la saison des pluies, pour se dandiner dans les rues. «J’ai souhaité en éliminer quelques-uns, car cela commençait à devenir dangereux pour les populations, explique le gouverneur Augustin Thiam. Mais cela a provoqué une véritable levée de boucliers, comme si je voulais m’attaquer à l’héritage d’Houphouët-Boigny. J’ai donc renoncé», regrette-t-il. «Les gens pensent à tort qu’il s’agit de crocodiles sacrés, mais c’est l’esprit de l’eau qui est sacré», précise encore celui qui officie également comme chef traditionnel du canton de Yamoussoukro.
Le fief de la famille Thiam
A Yamoussoukro, fief de la famille Thiam, et dans le reste du pays, le gouverneur Augustin Thiam, qui occupe ce poste depuis 2011, fut longtemps davantage connu des Ivoiriens que son frère cadet Tidjane, ex-CEO de Credit Suisse. Mais les choses sont en train de changer, grâce à l’activisme des supporters de ce dernier, qui espèrent qu’il sera un jour président de la Côte d’Ivoire; mais aussi en raison de ses récentes et très politiques interventions qui ont marqué les esprits.
Le discours très présidentiel de Tidjane Thiam
Le jour de la Fête nationale célébrant les 60 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le 7 août, Tidjane Thiam a ainsi délivré un message sur l’état de la nation, posant dans un cadre quasi présidentiel, sur fond de bibliothèque et de drapeau. Du coup, ses partisans ont de nouveau espéré qu’il serait candidat à l’élection du 31 octobre prochain. Mais il ne figure finalement pas au nombre des candidats déclarés à un scrutin qui s’annonce tendu. «Je crains que les conditions ne soient pas réunies aujourd’hui pour avoir une élection crédible, inclusive, et qui se déroule sans incidents», a-t-il encore déclaré le 30 août lors d’une interview sur la chaîne TV5 Monde, laissant ainsi penser que sa décision, maintes fois proclamée, de ne pas intervenir dans la politique de son pays avait évolué.
Sur les réseaux sociaux, la ferveur demeure intacte. Sa sœur Yamousso y est très active, et anime la page Facebook Les Amis de Tidjane Thiam. D’autres groupes, tels que Tous en ACtion avec Tidjane Thiam (TACT), rassemblent de nombreux jeunes pour lesquels le parcours de la star de la finance internationale incarne un modèle inspirant.
Tidjane Thiam, c’est la force tranquille, le TiTan de Yakro, héritier du Grand Bélier. Il est prêt pour diriger la Côte d’Ivoire dans la paix et la réconciliation
Lorsqu’il reçoit des visiteurs, Augustin Thiam s’attarde volontiers sur les liens qui lient sa famille à celle du président Félix Houphouët-Boigny, par leur mère Mariétou Sow, nièce du «père de la nation». «Chez les Baoulés, le pouvoir se transmet par les femmes; en vertu de cette coutume, nous sommes donc ses héritiers directs», relève celui qui est également chef traditionnel, et qui fut intronisé sous le nom de Nanan Boigny N’Dri III. Si les enfants d’Houphouët n’ont jamais fait de politique, ceux du ministre ivoirien et ambassadeur Amadou Thiam, d’origine sénégalaise, et de Mariétou Sow, en revanche, se sont pour la plupart engagés dans cette voie. Outre Augustin, l’aîné, Daouda Thiam a été ministre sous la transition militaire du général Robert Gueï, puis conseiller du président Alassane Ouattara jusqu’à sa mort en 2018. Quant à Tidjane Thiam, il fut ministre de 1998 à 1999, date à laquelle son président, Henri Konan Bédié, fut chassé du pouvoir par un coup d’Etat. C’est ce même ex-président Bédié, dont Tidjane Thiam se serait rapproché depuis quelque temps, qui est aujourd’hui le principal challenger du président Alassane Ouattara.
La suite? Le gouverneur de Yamoussoukro ne cache pas qu’il verrait d’un bon œil le retour de son petit frère Tidjane sur la scène politique, après une absence de vingt ans hors du pays. «Lors de son retour en Côte d’Ivoire, la première chose qu’il fera, c’est d’aller à Yamoussoukro, s’incliner sur la tombe du président Houphouët-Boigny», prédit un proche de la famille. Avant, peut-être, de partir à la conquête du pouvoir.
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