On ne naît pas Federer, on le devient
La trajectoire unique de Roger Federer dans l’histoire du tennis et du sport mondial, n’a été programmée par personne, ni tirée par aucun fil céleste. Il ne faut pas croire ceux qui disent qu’ils savaient. Personne ne pouvait prédire qu’un gamin de Bâle rencontrerait les bonnes personnes et ferait les bons choix, pas toujours du premier coup
Récit: Laurent Favre. Réalisation: Florian Delafoi, Antoine Willemin. Data: Duc-Quang Nguyen. Coordination: Julia Chivet, Xavier Filliez. Iconographie: Anne Wyrsch (Photos: Dean Lewis, Lukas Coch/EPA; Thomas Lovelock/AFP; Jason O'Brien/Reuters)
Maintenant que le point final est posé (avec la Laver Cup en postface à Londres), que le grand livre se referme pour de bon, il faut bien se convaincre d’une chose: rien de tout cela n’était écrit à l’avance. La trajectoire unique de Roger Federer dans l’histoire du tennis et du sport mondial n’a été programmée par personne, ni tirée par aucun fil céleste. Il ne faut pas croire ceux qui disent qu’ils savaient. Personne ne savait. Ceux qui en connaissent le plus sur le tennis sont d’ailleurs ceux qui reconnaissent le plus volontiers leur inaptitude à prédire.
Roger Federer n’a pas juste été un grand joueur de tennis. Il n’a pas forcément été «le plus grand» en termes de victoires et de records – un débat qui rend chèvre et que nous laissons volontiers à d’autres –, mais il a été celui qui a changé le visage de son sport, au point de lui prêter ses propres traits, son allure, son style, son élégance. «Roger Federer est le joueur qui a eu le plus d’impact sur le jeu», estime le directeur de Tennis Australia, le Sud-Africain Craig Tiley, devenu au fil du temps un proche des Federer. «Roger représente la classe, le fair-play, un comportement égal dans la victoire et la défaite. Il a amélioré l’image du tennis, des gens qui n’aimaient pas ce sport regardaient ses matchs.»
Qui pouvait envisager une destinée à la Pelé, à la Mohamed Ali, à la Michael Jordan pour ce gamin de Münchenstein?
Qui peut anticiper cela? Qui pouvait envisager une destinée à la Pelé, à la Mohamed Ali, à la Michael Jordan pour ce gamin de Münchenstein, Bâle-Campagne, qui n’était ni miséreux, ni minorisé, ni maltraité, tout au contraire? Et qui n’avait pour motivation que l’amour d’une petite balle jaune. Certains l’ont certes senti plus vite que d’autres, comme Peter Lundgren, un ancien joueur de tennis suédois, qui accepta de venir travailler pour Swiss Tennis à Bienne parce qu’il avait entendu parler de la réputation d’un junior très talentueux.
Notre interview de Roger Federer: «Arrêter ne faisait plus de doute»
Andre Agassi, lors de leur première confrontation, en 1998 aux Swiss Indoors de Bâle, l’avait trouvé «sacrément doué» et confia à son coach Brad Gilbert que le gamin (Federer avait 17 ans) allait «devenir très bon en peu de temps», relate Gilbert dans l’épaisse biographie que Christopher Clarey a récemment consacrée à Federer. Quelques années plus tard, Marc Rosset expliquait aux journalistes suisses que la question ne serait pas de savoir si Federer gagnerait un tournoi du Grand Chelem mais s’il égalerait McEnroe ou Sampras.
Lundgren, Agassi ou Rosset étaient des personnes avisées des choses du tennis, déjà bien renseignées sur Roger Federer, à un moment où celui-ci avait réalisé beaucoup de progrès et opéré certains choix déterminants. La construction d’un phénomène était en marche, et Federer lui-même avait compris que tout cela prenait du temps, était incertain et pouvait être remis en question au moindre faux pas. Il n’était déjà plus l’enfant qui, à 8 ans, claironnait dans les travées du TC Old Boys qu’il deviendrait un jour numéro un mondial, suscitant les moqueries de ses camarades et l’embarras de ses parents, qui l’avaient mis au tennis dès l’âge de 3 ans sur les courts de l’entreprise Ciba à Allschwil.
Mais il était déjà ce jeune homme qui s’éloignait des contempteurs et se méfiait de ceux qui se faisaient mousser à bon compte. «Des gens qui ne me connaissaient pas ou qui m’avaient vu jouer une fois venaient et disaient: «Lui, il sera numéro un mondial.» Ça ne marche pas comme ça», nous expliqua-t-il en 2005. Il était déjà le meilleur de sa génération et il gardait le souvenir encore frais (parce que douloureux) de cette époque où il fut longtemps encombré par un talent dont il tardait à maîtriser le mode d’emploi. Federer a toujours porté en lui une grande ambition, mélange de confiance et d’insouciance. C’est une qualité indispensable à un champion, mais à un jeune âge, c’est d’abord un handicap.
Des gens venaient et disaient: «Lui, il sera numéro un mondial.» Ça ne marche pas comme ça
Lui aussi, lui d’abord, a dû apprendre qu’on ne naît pas Federer, on le devient. Ce n’est bien sûr pas donné à tout le monde et il faut d’abord être Roger pour prétendre devenir Federer. C’est sans doute Martina Navratilova qui a trouvé la meilleure formule pour faire la part entre l’inné et l’acquis. «On naît avec le potentiel pour être un champion et puis il faut avoir le bon environnement pour le réaliser.»
Au départ était le don. Un gabarit idéal pour le tennis (1m85, 80 kilos), grand sans être lourd, puissant mais fin. Des qualités musculaires alliant force, vitesse et souplesse. Des aptitudes pulmonaires sous-estimées, avec une VO2 max (consommation maximale d’oxygène) hors norme. Et puis, ce qui est flagrant à voir mais difficile à mesurer: vitesse de bras, vitesse de jambes, coordination œil-main (œil directeur gauche-main droite, plus précisément), capacité de relâchement. La part de magie pour finir: ce toucher comme aucun autre joueur, comme si sa balle restait plus longtemps dans le tamis de sa raquette que dans ceux de ses adversaires.
On peut s’amuser à essayer de réécrire l’histoire. Qu’aurait fait Federer de tout cela s’il n’avait rencontré les bonnes personnes? Trois se détachent nettement: Pierre Paganini, le préparateur physique rencontré à l’adolescence au Centre national de tennis à Ecublens, Miroslava «Mirka» Vavrinec, devenue Federer en 2009, et Severin Lüthi, coach d’abord officieux puis officiel depuis 2007. Leur discrétion dans l’ombre choisie de la star empêche de leur rendre hommage à la hauteur de leur importance. La matière manque. Mais nous pourrions aisément reprendre le message envoyé par Edmund Hillary à la cordée de Raymond Lambert, après avoir conquis l’Everest en 1953: «A vous autres, une bonne moitié de la gloire.»
Marc Rosset a dit un jour que «Roger devait 50% de ses succès à Mirka» et il reçut derrière un message de Federer pour l’en remercier. Ancienne joueuse de tennis à la carrière écourtée par des blessures, la Zurichoise d’origine tchèque reporta très vite son ambition sur celui qui avait «dix fois moins besoin de s’entraîner» qu’elle, et s’y dédia corps et âme, entrant dans les ordres «rogériens» et faisant à partir de là vœu de silence.
«Mirka, c’est la femme qui l’envoie jouer à Rome au lendemain de son accouchement parce que c’est important qu’il aille faire le tournoi, raconte Marc Rosset. C’est elle qui gère la petite entreprise Federer, et vous n’imaginez pas l’organisation que ça demande. Mirka, c’est une chauffeuse de minibus, une agence de voyages, une directrice d’école, une patronne de PME.»
Mirka, «Paga», «Seve». Leurs points communs sont d’être des personnes sérieuses, discrètes, compétentes et tranquilles, qui n’aiment pas fanfaronner. Des gens de confiance, qui font du bon travail, sur lesquels Roger Federer pouvait compter, ce qui renforçait sa sérénité et lui permettait de se concentrer sur d’autres choses.
A ce trio se serait sans doute ajouté l’Australien Peter Carter, entraîneur des débuts, que Federer remplaça certes par Peter Lundgren en 2000, et qui décéda tragiquement dans un accident de voiture en août 2002, lors de vacances en Afrique du Sud. Carter, intelligent et charismatique, eut une grande influence sur le jeune Federer, qu’il entraîna de 1991 à 1995 à Bâle puis de 1997 à 1998 à Bienne. Plusieurs proches estiment que la mort accidentelle de Peter Carter a joué un rôle décisif dans son évolution, l’adolescent un peu indolent se trouvant subitement confronté aux duretés de la vie.
Federer ne se remit jamais totalement du premier drame de son existence: des années plus tard, l’évocation de son coach ou la visite de ses parents lors de l’Open d’Australie ont parfois suffi à le mettre en larmes. Il en conçut aussi un devoir: ne plus gâcher son talent. On dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire. Onze mois après la mort de Peter Carter, Roger Federer remportait son premier Wimbledon. Avec d’autres, l’Australien s’était attelé à façonner le jeu qui allait faire gagner Federer. A Bienne, Swiss Tennis avait monté une cellule très compétente et très internationale – un pragmatisme inaccessible à d’autres fédérations voisines, plus riches mais trop politisées –, qui comprenait également un Néerlandais (Sven Gröneveld), un Suédois (Peter Lundgren), deux Français (Paul Dorochenko et Christophe Freyss) et tout de même un Suisse (Pierre Paganini).
Il a toujours été dit que Federer était un miracle pour un petit pays comme la Suisse. Certes, mais Swiss Tennis sut polir le joyau, dont la forme brute s’encombrait de quelques défauts qui, ailleurs, dans un environnement plus formaté, auraient pu prendre le dessus sur le reste. Peter Lundgren vira Roger Federer de leur premier entraînement commun, mais jamais il ne pensa le renvoyer réellement. Paul Dorochenko a résumé l’esprit général dans le livre de Chris Clarey: «Personne n’a mis Federer dans un moule. Un moule a été créé pour convenir à Federer.» Le gamin se frustre vite, il est friable mentalement? Alors on développe un jeu pour qu’il gagne en trois ou quatre coups de raquette.
Ceux qui l’ont entouré, notamment ceux qui ont bossé sur son mental, méritent le Prix Nobel
Cela exige d’être offensif, donc d’être mobile, puissant au service et en coup droit. Donc de s’astreindre à un gros travail physique de fond pour gagner en puissance, en résistance, en vitesse. Ce sera le rôle et le mérite de Pierre Paganini, qui par la suite œuvrera à faire durer Federer, l’incitant à découper sa saison en plusieurs périodes de trois phases chacune: préparation, compétition, récupération. Avant de connaître des problèmes de genou (trois opérations entre janvier 2016 et août 2021), Roger Federer a participé à 65 tournois du Grand Chelem consécutifs, quand Rafael Nadal en manqua neuf et dut se retirer deux fois. «Roger était techniquement le joueur le plus efficient sur le tour, c’est à mon avis la raison pour laquelle il a été si peu blessé», estime Craig Tiley.
L’Argentin Guillermo Coria n’a joué que neuf ans sur le circuit ATP et n’a disputé qu’une fois la finale de Roland-Garros (sa meilleure surface). Et pourtant, en 2019, dans une interview à la revue Cambio de lado, cet ancien rival chez les juniors a rappelé combien le Suisse, vingt-quatre ans de carrière, cinq finales à Roland-Garros (sa moins bonne surface), était instable à ses débuts. «Ceux qui l’ont entouré, notamment ceux qui ont bossé sur son mental, méritent le Prix Nobel pour ce qu’ils ont fait. Roger était un rebelle, mentalement c’était terrible», a balancé Coria.
Les Argentins ont le «loco» (fou) facile et d’autres témoins ont souligné depuis qu’on en avait sans doute trop fait avec l’image du Federer criseux et caractériel qui balançait ses raquettes et faisait honte à ses parents. Il faut dire que les anecdotes étaient savoureuses… La vérité est qu’il avait de la peine à gérer ses frustrations et ne savait pas comment utiliser son envie de gagner de façon positive. De 1998 à 2000, il travailla ces points précis avec Christian Marcolli, un ancien footballeur du FC Bâle devenu psychologue de la performance.
Roger Federer est un Alémanique, cela ne fait aucun doute. Bâle, c’est sa ville, celle qui l’a vu grandir et celle dans laquelle il se réjouissait de jouer, lors des Swiss Indoors – tournoi qu’il a remporté à dix reprises, un record. Et pourtant, c’est de ce côté-ci de la Sarine, chez les Welsches, que Roger est devenu Federer, que l’enfant qu’il était a mué pour devenir l’homme qu’il est. (Grégoire Baur)
Comme les autres, Christian Marcolli est resté très discret à la fin de sa collaboration mais, comme les autres, il a beaucoup contribué à l’épanouissement de Roger et à l’avènement de Federer. Suivront tout de même encore deux années de tâtonnement, où Federer se chercha, notamment sur le plan de l’attitude, trop relax après avoir été trop nerveux. La dernière clé était dans la concentration, réussir à être dans le moment présent.
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Hors des courts, le Federer homme d’affaires que nous connaissons, et parfois critiquons, a lui aussi dû faire son apprentissage, parfois à ses dépens. Lorsqu’il ne renouvelle pas avec l’agence IMG en 2003, il tente l’aventure de l’autoentrepreneuriat, avec sa fiancée, sa mère (qui quitte son travail) et son père qui négocie les contrats, aidé par un avocat. Celui que Robert Federer renouvelle pour cinq ans avec Nike, pour une somme estimée à 2 millions de dollars par an, est considéré comme l’un des plus sous-évalués de l’histoire du marketing sportif.
Roger vaut dix fois plus, et à cause de lui le marché s’effondre!
«Roger vaut dix fois plus, et à cause de lui le marché s’effondre!», s’étranglent les spécialistes. Fin 2005, alors que Federer écrase le tennis mondial depuis deux saisons, ses contrats globaux ne lui rapportent que 14 millions de dollars annuels, loin des 28 millions de dollars amassés par Andre Agassi et des 19 millions de Maria Sharapova.
Ce n’est qu’en 2005, lorsque l’ancien agent d’IMG Tony Godsick se met à défendre les intérêts du joueur et à reprendre un à un tous les contrats, que la situation s’inverse. Le partenariat avec Nike est réévalué à échéance à 10 millions de dollars annuels, Rolex rachète le contrat de Maurice Lacroix, les sponsors locaux (Emmi) sont abandonnés au profit d’une gamme de marques mondiales (Gillette, Mercedes) ou suisses d’audience internationale (Credit Suisse, Jura).
Godsick n’a pas à tuer RF Cosmetics, une erreur de jeunesse morte prématurément. Ce n’est que via le contrat signé en 2018 avec Uniqlo (300 millions de dollars sur dix ans) que Federer devient l’un des sportifs les mieux payés du monde et dépasse les footballeurs Messi et Cristiano Ronaldo.
On a reproché à son agent d’en vouloir toujours plus, notamment dans les «garanties» que les tournois secondaires versent aux joueurs majeurs pour s’assurer de leur présence; lui répond qu’il applique les prix du marché et que même à 2 millions par tournoi, Roger Federer est une aubaine. «C’est le Roger effect. Si vous le mettez sur le court, c’est complet», confirme Craig Tiley.
Cela autorisait certains privilèges qui ont fait grincer des dents mais que Craig Tiley assume en racontant une anecdote. «Une année, son classement avait baissé et plusieurs Australiens faisaient de bons résultats, donc il était difficile de le faire jouer sur la Rod Laver Arena. On l’avait programmé sur un autre court, et on lui avait dessiné un plan pour y accéder.» Certains des contrats publicitaires de Roger Federer stipulaient qu’il devait développer sa popularité aux Etats-Unis, et l’on soupçonne son agent d’avoir mis en scène son amitié avec la spécialiste de mode Anna Wintour ou le golfeur Tiger Woods.
Désigné «homme le plus stylé de la décennie» par le magazine GQ, Federer a découvert la haute couture avec la très influente Anna Wintour. La rédactrice en chef de Vogue serait, en partie, derrière son image de gentleman «trendy». Federer fait partie de ce monde et il ne s’en cache pas. (Hadrien Hubert)
Pourtant – et c’est peut-être ce que les gens qui ne parviennent pas à se mettre à sa place ou qui n’ont pas eu les accès privilégiés accordés durant toute sa carrière à la presse suisse peinent à saisir du personnage –, même un peu lisse, même un peu trop prudent, Roger Federer n’est pas un produit.
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«Il a construit une grande entreprise commerciale juste en étant lui-même. C’est assez unique», souligne Craig Tiley, qui cite toutes les fois où la star était disponible pour des matchs de charité. «Après le tremblement de terre en Haïti, après les inondations à Brisbane, ou plus récemment après les feux de brousse dans le centre de l’Australie, il était toujours le personnage central qui rendait les choses possibles. Avec lui, vous pouviez lever 5 ou 6 millions de dollars en quelques heures.»
Roger a traversé cette vie invraisemblable en restant humain, avec des valeurs, les pieds sur terre et le respect des gens
«Roger a traversé cette vie invraisemblable et c’est quand même resté un truc humain, avec des valeurs, les pieds sur terre et le respect des gens», relève Marc Rosset, qui se souvient notamment de l’après-victoire de Lille, en 2014. «Il était allé chercher Claudio Mezzadri pour l’amener dans le vestiaire parce qu’il se souvenait qu’il l’a fait débuter en Coupe Davis et qu’il avait un bon feeling avec lui. Dans l’avion du retour, j’étais quand même estomaqué de le voir aussi peinard, alors qu’un an plus tôt, tout le monde lui conseillait d’arrêter le tennis. Je lui ai demandé: «Rog, mais comment tu fais pour supporter tout ça?» Il m’a répondu: «On a dit tellement de bonnes choses sur moi que si on me critique un peu, ce n’est pas la fin du monde.»
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