
Marabout-de-Ficelle, un cadavre exquis photographique
«Le Temps» propose une série de triptyques narratifs réalisés par des photographes dont chacun répond au précédent
Huit photographes suisses ont été invités à raconter tour à tour une histoire en trois images. Chaque séquence répond à la précédente, à la manière d’un cadavre exquis. Trois clichés de la photographe espagnole Cristina De Middel donnent le ton, puis le récit est poursuivi en alternance par une femme et par un homme. Le projet a été initié par Anne Wyrsch, iconographe au «Temps».
Cliquez sur les triptyques pour les ouvrir sous forme de galerie.

Photographe indépendant né en 1967, le Genevois fait ses gammes dans la photographie horlogère de studio. Par la maîtrise des jeux incessants de faibles sources d’éclairage et de réflecteurs, il acquiert une précision et une rigueur dans son travail qui l’amèneront à travailler avec de nombreuses publications, dont «Le Temps», avec lequel il collabore régulièrement. Ses engagements actuels l’amènent vers la photographie expressive et documentaire contemporaine, qu’il explore à travers des mandats, portraits, publicité ou photojournalisme. Il dit orienter sa quête vers «l’étincelant dans le trivial, la richesse de l’inaperçu ou la valeur du négligé, vers l’accident qui donnera à une scène une force narrative ou visuelle assez forte pour être merveilleuse et incontournable». «Tout mérite d’être considéré, tous méritent d’être considérés, selon lui. C’est une contemplation permanente.»
Aline Fournier est née en 1986 dans les Alpes valaisannes. Après une formation de conceptrice multimédia et quelques années d’expérience professionnelle dans le monde de la publicité, elle se lance comme photographe indépendante en 2010. Malgré une activité florissante, elle réduit la voilure commerciale cinq ans plus tard et opte pour une vie nomade afin de pouvoir se consacrer corps et âme à ses projets photographiques personnels. L’authenticité marque son travail de création, ainsi que sa recherche permanente de mise en scène des contrastes. Elle s’approprie le paysage en créant un territoire habité par les personnages les plus divers. Le dysfonctionnel qu’elle emploie et intègre dans un environnement, selon son inspiration, symbolise l’unité et la force tranquille. Aline Fournier vit l’espace telle une scène du théâtre qu’elle façonne et organise en lui octroyant une identité culturelle particulière.
Photographe indépendant né en 1966, Xavier Voirol se décrit volontiers comme un «bouffeur d’images», éternel insatisfait et se refusant à être cantonné dans un style plus que dans un autre. «La photographie est un rapport au monde, l’expression de son propre rapport au monde, elle est une quête de sens et, par là même, porteuse de contradictions. C’est une façon, parfois, d’avancer masqué et, sans en avoir l’air, de parler un peu de soi. Mais plus que tout, Xavier Voirol aime cette idée qu’à l’instar d’un musicien face à son concerto, le photographe entretient avec le réel une position d’interprète. «Donner à voir, donner à entendre, transcender sans pour autant trahir – interpréter n’est, somme toute, rien d’autre que cette magnifique possibilité qu’il nous est donné de partager quelque chose qui ne nous appartient pas!» Xavier Voirol bénéficie actuellement d’une résidence de six mois dans l’atelier neuchâtelois de la Cité internationale des arts à Paris.
Née en 1977 à Lausanne. Après avoir fréquenté l’Ecole de photographie de Vevey, dont elle ressort diplômée en 2000, elle y forme aujourd’hui celles et ceux qui aspirent à passer maîtres dans l’art photographique. Un art que la Lausannoise cultive aussi en tant qu’indépendante, avant d’interroger sa pratique en 2012. Cette remise en question l’incite à suivre le programme MA Work.Master de la HEAD, à Genève, durant trois ans. Replaçant la photographie dans l’univers des arts plastiques et performatifs, Loan Nguyen agrémente ainsi ses travaux de témoignages, images et paroles s’entremêlant dans le cadre de performances. En 2018, le Théâtre Vidy-Lausanne lui confiera la mission de réaliser un projet autour d’un haut lieu du canton de Vaud, soit la plage qui s’étend entre le lac et le théâtre. On s’y presse à l’arrivée des beaux jours, en voisin ou en touriste, pour échapper à l’effervescence de la ville. Un an plus tard, Loan Nguyen présente en collaboration avec Eric Vautrin l’installation photographique Musée possible lors du week-end d’ouverture du Musée cantonal des beaux-arts, sur le site de Plateforme 10 à Lausanne.
Il n’a jamais quitté la capitale fédérale, qui l’a vu naître en 1970. Converti à la photographie il y a vingt ans, le Bernois affectionne particulièrement les portraits et les reportages. A côté de ses projets personnels, il met son talent au service de la presse quotidienne et magazine. «Si je rencontre un PDG ou un politicien en costume noir et gris, alors je cherche la couleur», dit-il. Un défi qu’il doit relever plus souvent qu’à son tour… Il apprécie d’autant plus la capacité de certains de ses sujets à «sortir du cadre» que les communicants entourant les personnalités brident souvent sa créativité. Pour s’émanciper de ce type de «diktat», Marco Zanoni a recruté ses deux enfants – conciliants à souhait – pour poser costumés, en forêt et au Musée d’histoire naturelle de Berne. Un travail qui lui a valu, en 2013, le Prix Photo de la BAT Swiss Foundation dans la série «Imagination». Il a aussi cofondé l’agence Lunax, avec 15 confrères. Leur ambition? «S’affranchir des schémas visuels habituels.»
Née à La Chaux-de-Fonds en 1977, elle est diplômée de l’Ecole de photographie de Vevey. Elle exerce à Genève en tant que photographe de scène pour diverses compagnies d’arts vivants. En parallèle, elle poursuit un travail plus personnel, en s’intéressant particulièrement au corps et à sa représentation. En 2006, elle reçoit le Prix SUVA des médias, qui récompense son travail sur le cancer du sein, réalisé en collaboration étroite avec Véronique Botteron. Pour Dorothée, l’appareil photographique est avant tout un outil permettant d’aller à la rencontre des gens et de mettre en lumière leurs histoires personnelles. En 2009, elle achève un master en art, qui la conduit vers la mise en scène. Depuis lors, elle entreprend, seule ou avec la complicité de Filippo Filliger, son mari, des créations qu’ils conçoivent de l’écriture à la réalisation. La photographie reste un médium essentiel dans sa pratique artistique: les deux langages, de l’image et de la parole, se complètent pleinement.
Né en 1959 à Yverdon-les-Bains. Il s’est d’abord formé à la sculpture sur pierre avant de pousser la porte de l’Ecole supérieure des arts visuels (ESAV), à Genève. C’est en 1991 qu’il fait ses premiers pas dans la photographie. Il collabore ainsi au Nouveau Quotidien, puis au Temps, dès sa création en 1998. En septembre 2014, il s’est rendu à Lampedusa, l’île italienne qui faisait depuis de trop longs mois déjà la une des journaux. C’est en effet au large de ce territoire que se sont échoués nombre de candidats à l’exil, au terme d’un périple périlleux en Méditerranée. Les images de leurs dépouilles ou des survivants ont hanté les esprits. La démarche de notre confrère s’est démarquée de ce flot de photos. «J’ai voulu des images neutres, silencieuses et lentes, loin du premier degré des clichés d’actualité, […] je ne montre pas grand-chose, j’instille le doute. A chacun ensuite d’y trouver ou non des symboles et des allusions.» Eddy Mottaz a remporté plusieurs prix, dont le Swiss Press Photo à trois reprises, en 2000, 2002 et en 2014.
Photographe indépendante de scène, passionnée de théâtre, de danse et de musique ainsi que portraitiste, Isabelle Meister est membre de l’atelier collectif photographique Azzurro Matto à l’Usine, à Genève. Elle a participé à l’émergence de différentes scènes alternatives genevoises. Depuis les années 1980, elle a constitué un large travail photographique qui forme un témoignage visuel unique de ces diverses aventures humaines, alternatives et institutionnelles. Son travail est régulièrement publié dans la presse locale et internationale, ainsi que dans des ouvrages spécialisés. Elle participe également à de nombreuses expositions personnelles et collectives. Elle préfère le qualificatif d’artisane à celui d’artiste et son travail photographique personnel est résolument documentaire. Elle tient un journal photographique quotidien depuis près de quatre ans sur Instagram.
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