
Lausanne le soir: une nuit blanche à Saint-François
Cet été, «Le Temps» propose chaque semaine une carte blanche à un photographe romand. Notre troisième épisode: le regard d'Olivier Vogelsang – un Genevois – sur la place centrale de Lausanne

Il est 1h30 du matin, place Saint-François à Lausanne, la night démarre à peine. La limousine blanche devant le White Club entame son tour de ville.

Dans les allées voisines, les filles se chauffent avec des cocktails préparés à même le trottoir.

Sur la scène du Bagatelle, la chanteuse brésilienne Faby Rodriguez fait le show, accompagnée du DJ Deba Montana.

Sur la promenade Derrière-Bourg, une disco sous bâche abrite les jeunes surpris par l’orage.

En bas de la rue de Bourg, Jean-Marc joue du kazoo et gratte des riffs sur une guitare en plastique gonflable. Perdu mais joyeux, il avance dans la nuit comme tous les fêtards qui passent par là pour prendre un bus pyjama.

Depuis le début de l’année, mon regard s’est posé sur cette place, au cœur de la capitale vaudoise. Je photographie les gens pressés, concentrés, originaux, flâneurs, et la nuit une jeunesse qui s’amuse.

Celle-là même qui vient peut-être manifester en nombre pour le climat, en traversant ce lieu emblématique de Lausanne.

Les oiseaux de l’artiste Ignazio Bettua, sur le toit de l’église, sont les premières couleurs qui apparaissent à l’aube naissante; ils ne chantent pas, Saint-François peut enfin dormir un peu.


Né à Genève, Olivier Vogelsang entreprend des études de photographie à Paris avant de partir photographier les civils pris dans des zones de conflit. Reporter photographe depuis près de trente ans pour différents journaux suisses et internationaux, il est aujourd’hui photographe indépendant et travaille autant pour la presse que pour des institutions. Ses reportages lui ont valu de nombreuses distinctions, notamment aux Swiss Press Awards. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Switzerlanders, publié en 2012, qui brosse le portrait d’une Suisse partagée entre repli sur soi et ouverture; Grand-messe, en 2017, une immersion dans les foires de Palexpo; Fractures, en 2018, qui regroupe ses reportages à l’étranger sur vingt-cinq ans de mémoire photographique.
