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Chronologie: Guerre en Ukraine, 12 mois de cruauté


UKRAINE, UN AN APRÈS. Des dizaines de milliers de morts, peut-être plusieurs centaines de milliers; des millions d’Ukrainiens qui ont fui les zones de combats ou leur pays; des dégâts qui se comptent en dizaines de milliards de dollars. En un an, la guerre à grande échelle lancée par la Russie contre l’Ukraine a bousculé l’idée que l’on se faisait de l’avenir du continent européen. Retour sur la première année d’un conflit dont l'issue reste incertaine

 

 

  • La Russie passe à l'offensive

    La Russie, qui a amassé une extraordinaire armada de 190 000 soldats aux frontières de l’Ukraine, passe à l’offensive la nuit du 24 février. Rien n’y a fait: ni les mises en garde des Etats-Unis, dont on apprendra qu’ils connaissaient dans le détail les intentions de la Russie, ni la folie apparente de cette entreprise consistant à envahir le deuxième pays le plus vaste de l’Europe (après la Russie) n’empêcheront le Kremlin de déclencher cette guerre, que Vladimir Poutine refuse encore aujourd’hui de qualifier comme telle, et que le chef du Kremlin a justifié au nom de la lutte contre les «nazis» qui seraient installés au pouvoir à Kiev.

    Moscou semble diriger son attaque aussi bien contre la capitale Kiev que contre Kharkiv, la deuxième ville du pays. Mais, malgré la confusion des combats, surgit très vite la volonté de résistance farouche qui va guider les Ukrainiens et leur président, l’ancien acteur Volodymyr Zelensky. Convois militaires russes parfois longs de dizaines de kilomètres étrangement bloqués en rase campagne; échec à prendre le contrôle de l’aéroport de Hostomel, à proximité de Kiev: l’état-major russe doit renoncer à la prise éclair de la capitale ukrainienne et à la mise en place d’un gouvernement fantoche. La guerre sera plus longue que prévu.

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    Vladimir Poutine, discours en rage
  • L'armée russe commet des atrocités à Boutcha

    Alors que l’offensive stagne, l’armée russe se rend coupable d’atrocités dans les zones qu’elle contrôle. Pendant un mois, elle mènera une campagne d’exécutions, d’actes de torture et de viols dans la région de Boutcha, au nord de Kiev, avant de se retirer dans le déshonneur. Parallèlement, les Russes attaquent par le sud, dans la région de Kherson, tentant de rejoindre les régions séparatistes du Donbass, d’un côté, et menaçant à l’ouest la grande ville côtière d’Odessa. Le mois de mars deviendra le plus meurtrier de la guerre pour les civils ukrainiens tandis que des vidéos, filmées par les occupants eux-mêmes, montrent des scènes de pillages et de vols à grande échelle.

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    L’horreur et le déshonneur
  • Massacre de la gare de Kramatorsk

    «C’est le mal sans limites.» C'est ainsi que Volodymyr Zelensky qualifie le massacre de la gare de Kramatorsk, où un missile russe s’abat au milieu de centaines de civils, principalement des femmes et des enfants qui tentaient de fuir une nouvelle offensive. On dénombre plus de 50 morts, tandis que se précise la volonté du Kremlin de s’emparer dans le sang de l’ensemble de la région du Donbass.

    A Kramatorsk et Sloviansk, les civils sur le chemin de l’exil
  • La ville de Marioupol devient l’épicentre de la guerre

    Soumise à un siège de l’armée depuis le mois de mars, cette ville industrielle qui donne accès à la mer d'Azov est systématiquement bombardée jusqu’à être presque entièrement réduite en ruines. Les derniers combattants du régiment Azov, retranchés dans les aciéries d’Azovstal, finissent par se rendre au terme de semaines de combats. Le théâtre de la ville, où s’étaient réfugiés femmes et enfants, ainsi que la maternité et l’hôpital pédiatrique deviennent les nouveaux symboles des horreurs commises par l’armée russe. Mais ces bombardements déchaînent aussi une campagne de propagande pro russe qui tentera de nier systématiquement la réalité des faits.

    Deux instantanés, à la maternité de Marioupol
    Marioupol, la chute d’un symbole
  • Les troupes russes se retirent de l'île aux Serpents

    La Russie annonce qu’elle a retiré ses troupes de l’île aux Serpents dans ce qu’elle appelle un geste «de bonne volonté». L’île, qui revêt une grande importance stratégique, a été le théâtre d’intenses bombardements dans les semaines précédentes, après qu’elle a été occupée par la Russie dès les premiers jours de la guerre. Son abandon par les troupes russes devient l’illustration de l’importance que revêt la livraison d’armes occidentales aux forces ukrainiennes.

    Les systèmes de roquettes Himars et les missiles antinavires Harpoon, fournis par les Etats-Unis, ainsi que les canons français Caesar ont été décisifs. La flotte russe de la mer Noire perd un peu plus de sa suprématie incontestable, alors qu’elle a déjà perdu, quelques semaines plus tôt, le Moskva, son navire amiral, envoyé par le fond par deux missiles ukrainiens.

    Le Moskva coulé en mer Noire: plus qu’une victoire symbolique
  • L'armée russe progresse dans le Donbass

    L’armée russe poursuit son nouvel objectif, qui consiste à s’emparer de l’ensemble des régions séparatistes du Donbass. Elle ne lésine pas sur les moyens, et déploie des renforts massifs pour prendre le contrôle de l’oblast de Lougansk, lançant ses forces sur la ville de Sievierodonetsk puis de Lyssytchansk. Des milliers de civils ukrainiens sont pris au piège de ces combats extrêmement violents. Et des dizaines, voire des centaines de soldats ukrainiens meurent chaque jour pour défendre ces simples points interchangeables sur les cartes.

    Comprendre la guerre en Ukraine
  • Début de la contre-offensive ukrainienne

    Alors qu’elle était annoncée depuis des semaines, commence la contre-offensive ukrainienne en direction de Kherson, une ville du sud de l’Ukraine proche de la Crimée. Pour faciliter cette attaque, l’armée ukrainienne a systématiquement entrepris la destruction des lignes de communication, des ponts et des dépôts de munition russes autour de la ville. Mais elle commence aussi à utiliser les lanceurs de roquettes Himars sur le champ de bataille, de manière tactique, semblant ainsi prouver qu’elle a désormais pleine confiance en la poursuite de ces livraisons d’armes.

    Ces combats coïncident également avec des inquiétudes de plus en plus vives sur la sécurité au sein de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, délibérément visée par des bombardements, selon les déclarations de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Emmenée par le directeur de l’agence onusienne, une équipe d’une dizaine d’inspecteurs se rend à Zaporijjia afin de sécuriser le parc nucléaire composé de six réacteurs.  

    L’armée ukrainienne passe à l’offensive dans la région de Kherson
  • La contre-offensive se poursuit vers Kharkiv

    Alors que toute l’attention continue de se porter vers Kherson et le sud du pays, l’armée ukrainienne prend ses ennemis à contre-pied et lance une deuxième offensive à l’Est, aux environs de la ville de Kharkiv. C’est au tour des soldats russes d’être menacés d’encerclement, tandis que les Ukrainiens multiplient les victoires dans le territoire contrôlé par les Russes, notamment dans la région d’Izioum. Vladimir Poutine annonce une mobilisation partielle des civils. Des dizaines de milliers d’hommes russes fuient le pays pour échapper à la guerre.

    Dans le même temps, au terme d’un simulacre de référendum, Vladimir Poutine annonce, le 30 septembre, le rattachement à la Russie de quatre régions du sud et de l’est de l’Ukraine – Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia – que les troupes russes contrôlent seulement en partie. Dans un discours guerrier, le chef du Kremlin s’en prend frontalement à «l’Occident dominateur», dont «les cercles dirigeants» nieraient la souveraineté russe et bafoueraient le droit international pour mieux asseoir leur «hégémonie».

    L’armée ukrainienne lance une seconde contre-attaque surprise à Izioum
  • Affaiblie, la Russie s'en prend aux installations électriques ukrainiennes

    Une explosion endommage le pont sur le détroit de Kertch qui relie la Crimée à la Russie. Cette attaque est un coup dur pour Vladimir Poutine, qui avait personnellement inauguré le pont en grande pompe en 2018 afin de sceller l’annexion de la Crimée par la Russie, décrétée quatre ans auparavant. Tandis que les responsables ukrainiens défendent de plus en plus ouvertement une libération de la Crimée, la Russie tire des dizaines de missiles sur tout le territoire ukrainien, s’en prenant particulièrement aux installations électriques.

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    L’explosion du pont de Crimée, une gifle à Poutine et à la Russie
  • Les troupes russes se retirent de Kherson

    La Russie ordonne le retrait de ses troupes de la ville de Kherson, au terme de la contre-offensive ukrainienne qui a amené ses troupes aux abords du fleuve Dniepr. C’est sans doute une des plus importantes victoires de l’armée ukrainienne depuis le début de la guerre. Et le choc est d’autant plus rude pour l’armée russe que ce retrait concerne la capitale d’une des régions qui ont été officiellement rattachées à la Russie deux mois auparavant. Cependant, l’approvisionnement de la ville était devenu impossible pour les forces russes, qui pillent Kherson avant de l’abandonner.

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    A Kherson, le mystérieux retrait des Russes
  • Les combats se focalisent sur la petite ville de Bakhmout

    Alors que l’hiver rend plus difficile toute progression militaire, la Russie continue de détruire à coups de missiles les installations électriques ukrainiennes, plongeant des millions de personnes dans le froid et l’obscurité. Les combats se focalisent sur la petite ville de Bakhmout, où le groupe Wagner mène l’essentiel des assauts au prix de milliers de morts, recrutés entre autres dans les prisons russes. Accomplissant sa première visite à l’étranger depuis le début de la guerre, Volodymyr Zelensky se rend à Washington où il est reçu par Joe Biden à la Maison-Blanche, avant de s’exprimer devant le Congrès américain.

    La confession d’un milicien de Wagner en Ukraine
    En images: Bakhmout, une ville au plus près des combats
  • Vers une deuxième vague de mobilisation?

    Le jour de Nouvel An, juste après minuit, l’armée ukrainienne détruit une école à Donetsk où des centaines de soldats russes fêtaient le réveillon. Moscou reconnaît la mort de 89 personnes, mais certains évoquent le nombre de 400 victimes. Les forces russes s’emparent de la petite ville de Soledar, à proximité de Bakhmout, où les combats ont fait rage pendant des mois. Les débats s’intensifient sur les livraisons d’armes plus perfectionnées et plus lourdes du côté des pays occidentaux, batteries Patriot américaines et chars de combat allemands, américains, britanniques ou français. Côté russe, alors que se précisent les signes d’une nouvelle offensive, les rumeurs abondent sur l’imminence d’une deuxième vague de mobilisation.

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Textes: Luis Lema. Images: AFP, Keystone. Réalisation web: Marie-Amaëlle TOURÉ